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Au temps de la Yougoslavie, elle était l'étape obligatoire des automobilistes en route pour Athènes. Mais, à l'ère chrétienne, cette ville d'un million d'habitants était déjà un sas entre deux mondes : celui de Rome et celui de Constantinople. Les Arabes et les Normands l'ont pillée, les croisés y ont fondé un royame latin ; les seuls à avoir bousculé son âme byzantine, ce sont les Turcs qui en ont fait la plaque tournante des Balkans. Proche des frontières sensibles, Thessalonique est resté un port de brassage quelque peu cocardier.
A travers des paysages fertiles et sauvages, on gagne des sites inoubliables, comme Kastoria, l'Olympe, et la Macédoine de Philippe et d'Alexandre.
Sur la route de Salonique aux Météores.
Pour les Dieux, une seule adresse : l'Olympe. Aphrodite, Apollon, Arès, Artèmis, Athèna, Déméter, Héra, Héphaïstos, Hermès, Hestia, Poséidon et Zeus - pour les citer par ordre alphabétique - habitent sur les 2917m du point culminant du monde hellénique. Sur le flanc nord, un lacis de murets meurt entre les peupliers jaillis des fondrières : ce sont les ruines de Dion. A l'ouest, Platamonas, un des chateaux francs les mieux conservés, contrôle la route de Larisa.
Trois doigts de pinède fourrés dans la mer. Les presqu'îles de Kassandra, Sithonia et du mont Athos ont chacune leur caractère, avec la possibilité des randonnées, de la baignade, de la découverte du petit vin local ou d'un artisanat réputé pour ses tissus, sans oublier la pieuse incursion dans un Etat monastique réservée à la seule gent masculine. Sauvage, varié, ce domaine gagnerait à être mieux connu du public francophone.
Pénétrer dans l'Etat du mont Athos est un privilège : femmes et animaux de sexe féminin y sont strictement interdits, les mineurs également. Il faut s'y prendre très à l'avance, d'autant que le nombre de visas d'entrée est limité à 10 par jour, et justifier sa demande par son intérêt pour l'art ou la religion orthodoxe. Le visa ouvre l'accès (à pied ou en bateau) à quelques-uns seulement des 20 monastères où 2000 moines en caftan bleu et grosse ceinture prient et veilles sur une concentration d'art orthodoxe qui ne rivalise qu'avec le Kremlin.
Les premiers juifs de Grèce posent leurs sacs à Thessalonique. Rome leur donne la citoyenneté, d'où leur surnom de Romaniotes. Au XVIe siècle, une nouvelle vague s'installe à l'invitation du sultant : ils ont été expulsés d'Espagne, et ils seront toujours snobés par les Romaniotes. Grâce aux Turcs, d'autres colonies se forment à Athènes, Corfou, Ioannina, Kastoria... Pendant l'Occupation, l'intervention sans concession de l'archevêque d'Athènes ne pourra empêcher l'exil ou l'extermination de 90% de la population, qui représente aujourd'hui à peine 50 000 âmes.